Une compilation assemblée par Dominic Marcil
Une introduction, selon Dominic
Le titre de la compilation, Dehors la poésie, fait écho, mais dans une direction inverse, au poète surréaliste français Paul Éluard, dont l’un des plus célèbres recueils s’intitule L’amour la poésie. Chez lui, comme chez les romantiques au 19e siècle notamment, la poésie est naturellement associée aux sentiments. Le poème explore et exprime l’intériorité du poète, son souffle amoureux comme ses émotions les plus douloureuses (à ce titre, voir l’excellente compilation Marcher à côté de soi). C’est souvent l’image première qui surgit quand on parle de poésie.
Mais le langage poétique peut aussi être manière de lire l’espace qui nous entoure. Dans un mouvement qui, cette fois, part du dehors pour aller vers le dedans, les poètes de cette compilation développent tous un rapport avec le territoire, le lieu ou les éléments. En ville, à la campagne ou en pleine nature, ils explorent, par la marche souvent, une géographie, montrent que la poésie est aussi un regard. Le poète accepte d’être transformé par le dehors, d’être porté par lui.
Cette façon de concevoir le poème est largement inspirée par la géopoétique, approche philosophique où la sensibilité au monde extérieur adopte une perspective plus « nomade » que « sédentaire ». D’une certaine façon, la poésie est ici perçue comme un langage pour explorer le monde en mouvement. En ce sens, il est essentiel de s’attarder d’abord aux poètes issus des Premiers peuples, chez lesquels le rapport au territoire est un fondement de la parole poétique.
Il faut lire ces poèmes comme une rencontre. Celle d’une sensibilité, d’une voix, avec l’espace qui les accueille. Le poème devient un point de contact entre deux géographies, l’une intérieure et l’autre extérieure. Si on a souvent perçu le poète comme étant reclus, il faut aussi le voir comme un être en relation avec son environnement, sensible à ce rapport si mystérieux qu’on entretient avec ce qui nous entoure. Écoutons la poète Vanessa Bell et « [a]llons dehors »!
Les poèmes
Ressources supplémentaires
Essais et articles
Dominic Marcil et Hector Ruiz, Lire la rue, marcher le poème, Montréal, Noroît, 2016.
Rebecca Solnit, L’art de marcher, Paris, Babel, 2004.
Louise-Maude Rioux Soucy, « De la flânerie comme acte de résistance », Le Devoir, 7 mars 2016.
Walter Benjamin, Paris, capitale du XIXe siècle, 1939 (le chapitre « Baudelaire ou les rues de Paris).
Kenneth White, Le plateau de l’albatros. Introduction à la géopoétique, Paris, Grasset, 1994, 362 p.
Sur la parole poétique innue
Le documentaire Je m’appelle humain, de Kim O'Bomsawin (2020), sur la poétesse Joséphine Bacon.
Récits
Kenneth White, La route bleue, Marseilles, Le mot et le reste, 2017 (1983).
André Carpentier, Ruelles, jours ouvrables, Montréal, Boréal, 2005.
Antonio Munoz Molina, Un promeneur solitaire dans la foule, Paris, Seuil (Points), 2020 (2018).
Site web
La traversée, atelier de géopoétique : https://latraverseegeopoetique.com/